Tuba Club
Réalisation
Tuba Club est un hôtel-restaurant saisonnier situé à l’entrée du village des Goudes dans le 8e à Marseille, sur le rocher au bord de l’eau. Marion Mailaender est l’architecte responsable de la transformation de cet ancien centre de plongée. Invitant une sélection de collaborateurs artistes et artisans, son équipe a repensé le lieu qui a ouvert ses portes en 2020.
L’établissement s’est agrandi en 2022 pour proposer une villa adjacente et une terrasse supplémentaire. Marion nous a invité à notre tour à participer à l’aménagement de cet espace extérieur. Elle nous a demandé de concevoir et de produire un bar pour servir les cocktails et la cuisine d’été. L’idée a évolué au fil des discussions et s’est précisée en 3 parties : l’arrière-bar sur la longueur de la façade, encadré de 2 îlots destinés l’un au service des plats, l’autre au service des boissons.
Sensible à une production durable, raisonnée et séduite par l’esthétique portuaire se dégageant de nos réalisations, l’équipe de Tuba nous a donné carte blanche pour ce projet. Nous avons alors décidé de mettre en oeuvre une idée surprenante : retourner une coque d’épave de bateau pour en faire un toit.
Des centaines de bateaux sont abandonnés dans les ports (et leurs abords) de notre région car leur coûts d’entretien n’ont pas été anticipés par leurs propriétaires, ou bien parce qu’ils sont en fin de vie. Le transport et la casse sont très onéreux, et il n’existe pas de fourrière dans ce secteur. Le réemploi est une des solutions possible pour remédier à ce problème grandissant.
Atelier
Le vent et les embruns balayent cette terrasse toute une partie de l’année. Après avoir dessiné la structure, nous avons fait appel à un bureau d’étude pour en valider la solidité. La prospection de vieilles coques nous a fait visiter 4 vieux bateaux. Nous avons finalement choisi le Joseph Marie une barque marseillaise des années 20, qui dormait chez l’association Pilotine en attendant son sort.
L’association Pilotine est basée près de la forme 10, au bout du port industriel, juste avant la plagette de l’Estaque. Elle propose une réinsertion professionnelle par le chantier naval et la navigation. Des adultes de tout âge et de tout horizon restaurent des bateaux en bois dans ce grand atelier, épaulés par des responsables de pôles (bois/métal/gréements…). Après discussion avec l’équipe, nous avons décidé de faire travailler cette association sur une partie du chantier dédié à la coque. Cette dernière a été coupée en deux, pour couvrir chacun des deux mini-bars et créer un passage au centre pour permettre la circulation du personnel. C’est un clin d’œil à la jumboïsation, méthode d’agrandissement des navires imaginée par Dupuy de Lôme, dont les chantiers navals de Marseille ont été pionniers dans la mise en oeuvre sur cargos et ferrys (dans la forme 10, troisième forme de radoub la plus grande du monde, voisine de l’atelier de La Pilotine justement).
Les parois bleues de l’ensemble sont des bardages en peuplier toujours issus des tins du chantier naval, ici teinté sur une face. De grandes sections d’azobé forment la structure de l’arrière-bar, des tubes inox celle des 2 ilots. Une porte pliante de 5 mètres de long, montée sur vérins hydrauliques, ferme la partie du fond et devient une toiture à l’ouverture. Des étagères tantôt en bois tantôt en maille électro-soudée viennent ponctuer les espaces de service. La coque retournée a été réparée, équipée d’un châssis inox, colmatée, poncée puis imperméabilisée avec plusieurs vernis marine. Une ligne de couleur bardée du nom de notre collectif vient relooker cette barque de pêche traditionnelle du siècle dernier : elle fait un bon temporel dans le sport nautique des années 80.
Materiaux
- Toiture : Coque du Joseph-Marie, barque de pêche des années 20.
- Parois : Peuplier teint (issu des tins du chantier naval) et tubes inox.
- Bar : Azobé massif (issu des tins du chantier naval).
- Etagères : Azobé et inox.
- Eclairages : Bouée de signalisation marine, hublots étanches (issus du Lacydon, ancien navire des pompiers de Marseille).