Le Pigeonnier
Réalisation
La genèse de cette création est spéciale, elle a quelque chose d’original. En effet, quand il a fait appel à nous, notre commanditaire n’avait pas vraiment d’idée de ce qu’on pourrait faire de son pigeonnier en ruine, situé en bordure de route et racheté à son voisin quelques milliers d’euros deux années auparavant. Nous avons découvert le potentiel de ce bâtiment au fil du chantier. Datant selon nous de 1814, c’est certainement l’un des premiers bâtis de pierre et de terre du quartier du Roucas Blanc, l’ancienne campagne Marseillaise devenu quartier résidentiel de standing.
Le programme, dans ce complexe de 3x8m2, se compose ainsi : à l’étage, un cabinet de curiosité ou plutôt une chambre avec un couchage escamotable, une bibliothèque et un petit bureau ouvert par deux fenêtres sur le vallon, laissant apercevoir la mer. Au rez-de-chaussée, une salle de bain sur la gauche, une vasque au centre et un escalier menant à la chambre sur la droite. Une toiture vitrée vient étendre l’espace sur la terrasse afin de créer une cuisine d’été. L’enjeu du chantier était de trouver l’agencement le plus équilibré possible dans un espace très exigu.
Un autre enjeu était de conserver cet ancien pigeonnier en le rendant habitable. Nous avons donc travaillé sur les détails d’assemblage de matériaux anciens, des matériaux portuaires déclassés mêlés à des matériaux neufs, afin de réaliser une composition globale harmonieuse sur l’ensemble de cette création. Utiliser des matériaux déclassés pour réhabiliter un bâti lui-même ancien s’est imposé comme une évidence, comme la meilleure solution pour donner à voir l’ancienneté des lieux, le passage du temps et le geste de valorisation.
Matériaux
Le propriétaire des lieux, notre maître d’ouvrage, s’est montré très réceptif lorsque nous lui avons parlé de notre concept : la valorisation des matériaux portuaires déclassés. Sur ce projet, nous avons travaillé avec de nombreux matériaux issus de l’arrêt technique d’un bateau : le Kalliste, un mot grec qui signifie « les plus belles ». Ce bateau fait partie des trois ferrys de la compagnie de navigation La Méridionale.
Le carrelage bleu et blanc de la table fait partie des matériaux récupérés suite à l’arrêt technique de ce bateau, et nous l’utiliserons sur d’autres créations. L’acier rouillé vient en partie de l’ancien système de chauffage du bateau. La bouée sphère-conique jaune coupée est devenue un abat-jour pour notre applique murale. Les persiennes servaient auparavant sur le Kalliste.
Le plan de travail est en béton. Des mallons de couvert ont été posés au sol et sur le plan de travail. Les murs en pierre ont été conservés avec un enduit à la chaux, appliqué au pinceau. La verrière est constituée de trois grands verres feuilletés. Une vasque en pierre de la carrière de Banon dans les Alpes de Haute-Provence a été taillée pour venir trouver sa place dans l’entrée, sur un pied en acier de section carrée.